On les appelle «gens du voyage», «nomades», voir par mépris pour leur style de vie, «hippie». Ils ont un pied-à-terre, le reste du corps à l’horizon. Mais est-ce une mauvaise chose? Au fond, c’est le même mouvement instinctif qui a amené l’homme sur la lune. Ce besoin de découvrir de nouveaux horizons. Durant la plus grande partie de l’histoire de l’humanité, nous étions des chasseurs-cueilleurs, parcourant les routes au fil des saisons à la recherche des meilleures sources de nourriture. En s’installant, en cultivant, en construisant des villes et en devenant accro au café à emporter, l’homme a évolué.
Ils ont abandonné leur maison, leur voiture et leur travail régulier en faveur d’une brosse à dents, d’un ordinateur portable et d’un sentiment d’aventure. Plutôt que de s’installer et d’investir dans des choses, ils parcourent le monde en investissant dans l’expérience, en collectant des souvenirs plutôt que des meubles et des étiquettes de créateurs.
Il existe plusieurs sortes de nomade. Certains ont pour seul bagage un sac à dos. D’autres prennent leur famille sur la route, se déplacent de pays en pays, touchent de gros salaires. Les diplomates par exemple sont aussi des gens du voyage à leur façon.
Cependant, aucun type de nomade ne se dépouille entièrement de la vie consumériste. Les deux modes de vie se rejoignent au travers de la technologie qui permet leur itinérance. Ils travaillent dans des cafés sur un ordinateur portable, envoient des mails depuis leur smartphone et se déplacent à l’aide d’un GPS. La liberté connectée en quelque sorte.
Le nomade moderne est donc numérique. 3G, haut débit, Skype, Viber, Facebook, e-bibliothèques, les applications de coworking se substituent à un assistant personnel et à un collègue de travail. Avec la connectivité omniprésente d’aujourd’hui, même les coins les plus reculés de la planète sont accessibles. Ainsi, le terme nomade perd de plus en plus toute sa signification. Dès lors que l’on observe de plus près ce mode de vie particulier, on découvre des «travailleurs numériques» fuyant la routine et non les responsabilités comme certains le prétendent.
En conclusion, qui sont-ils vraiment? A cette question nous répondrons des précurseurs, et non des irresponsables. Qu’on le veuille ou non, ils nous montrent le chemin à suivre. Leur mode de vie est adapté à la mondialisation. Qui pensent encore qu’elle apporte confort et perspectives, à part les hommes politiques et les gérants de multinationales? La mondialisation n’est que concurrence et par ricochet flexibilité. Nous avons d’abord connu l’urbanisation, qui a poussé les gens des campagnes vers les villes. La mondialisation n’est qu’un dérivé de cela.
Au-delà de cela, il n’en reste pas moins des aventuriers, des amateurs de sensations fortes. Et cela n’est pas donné à tout le monde. Il faut savoir rompre avec sa zone de confort, se mettre en danger en s’exposant constamment à de nouvelles situations, changer ses perceptions. Au fond, s’adapter en se sentant chez soi dans un environnement inconnu.
L’avenir nous dira dans quelques années quel mode de vie est le plus adapté au mode moderne.